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Une à deux fois par mois, les équipes du GIP ARRONAX produisent du cuivre-64 à des fins de recherche médicale. Comment? Pour qui? Pour quoi?
Vous le saurez en suivant notre mini-série web « Sur les traces du cuivre-64 d’Arronax »…

Episode 3 : Production en cours

En théorie, produire du cuivre-64 est relativement simple : il « suffit » d’irradier une cible solide de nickel 64 avec un faisceau de protons ou de deutons. En pratique, il faut disposer des équipements et des savoir-faire nécessaires et s’appuyer sur une méthode qui a fait ses preuves. Ces conditions sont réunies à Arronax qui produit aujourd’hui, au terme de longs travaux de développement, du cuivre-64 de qualité, adapté pour des opérations de radiomarquages. La première étape de la production, confiée à un.e radiochimiste, consiste à préparer la cible en effectuant un dépôt elliptique d’un dizaine de micromètres d’épaisseur de nickel 64 enrichi sur un support solide en or. Cette électrodéposition dure 80 mn. La cible est ensuite installée en vue du tir dans une position permettant de repartir la puissance du faisceau sur la plus grande surface possible. « Le tir sur la cible à une intensité de 80 µA est réalisé durant la nuit par nos collègues du GAMO qui pilotent le cyclotron », indique Fabien Brelet, pharmacien au GIP ARRONAX et impliqué dans cette production.

Au matin, la navette contenant la cible irradiée est envoyée par un système de transport pneumatique jusqu’à une enceinte blindée où sont effectuées les opérations visant à séparer le cuivre-64, le nickel-64 qui sera réutilisé et les contaminants éventuels. Un binôme de radiochimistes s’y consacre. A l’aide de bras télémanipulateurs, ils récupèrent la cible solide, la dissolvent dans une solution d’acide qu’ils versent dans une colonne contenant une résine afin de purifier le produit ; le nickel-64 puis le cuivre-64 sont successivement élués en utilisant différentes concentrations d’acides. Un passage du cuivre-64 sur une seconde colonne plus petite élimine les éventuelles impuretés métalliques résiduelles, puis une dernière évaporation permet de récupérer le produit à la bonne concentration dans le milieu adéquat. Quant au nickel-64, il est récupéré, purifié puis réutilisé pour préparer de nouvelles cibles solides. « Pipeter, peser, verser : toutes ces étapes manuelles lors de la production exigent beaucoup de précision, de concentration et d’attention de la part des radiochimistes. Ils font preuve d’une grande dextérité dans le maniement des bras télémanipulateurs », souligne Fabien Brelet.

Les étapes de chimie commencent dès 7h et durent jusqu’en début d’après-midi. Le contrôle qualité sur le produit fini, qui se présente sous la forme d’une solution d’acide chlorhydrique concentré à 0.1M, démarre juste après et requière trois à quatre heures supplémentaires. Il s’agit notamment de déterminer l’activité volumique de la solution pendant que les doses commandées, dont on connaît désormais précisément le volume, sont mises en flacons. Chaque flacon est ensuite placé dans un pot plombé. Alors le lot peut être libéré et le Service Prévention des Risques du GIP ARRONAX prend le relai pour préparer le colis et l’expédition. « Il s’écoule environ 24h entre le démarrage du tir grâce au cyclotron et l’envoi du colis au client, ce qui mobilise au moins sept personnes, résume Fabien Brelet. C’est encore plus si l’on tient compte des étapes de préparation (de la cible, du contrôle qualité, des contrats de partenariat), de nettoyage (des enceintes) et de logistique (pour le transport). » Grâce à ce travail collectif, des scientifiques de Lausanne, Lille, Nantes ou Clermont-Ferrand, reçoivent le mercredi en début de matinée les lots de cuivre-64 dont ils ont besoin pour poursuivre leurs travaux de recherche.

Contact : service production du GIP ARRONAX

 

Prochain épisode : Destination Lille

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